CELI, CELIAPP, REER, RAP : c'est facile de s'y perdre. Comment utiliser ces outils en tant que premier acheteur?
Au Québec, des outils financiers s’offrent aux personnes souhaitant accéder à la propriété. Offerts par le gouvernement et gérés par les différentes institutions financières, le CELI, le CELIAPP, le REER et le programme RAP peuvent assurément faire une grande différence.
L’important est de savoir les utiliser à son avantage! Démêlons ces différents outils.
REER, CELI et CELIAP : ce qu’ils ont en commun
Ce sont tous des véhicules de placement.
Concrètement, nous mettons dans ces enveloppes divers types de placement, tels que de la liquidité, des actions, des portefeuilles d’investissements comme des fonds communs ou fonds distincts ou encore des placements garantis. Le tout dans le but de générer des gains d’investissement au fil des mois et des années.
Il y a quelques différences entre l’un ou l’autre de ces véhicules, mais la plus grande est la manière dont l’argent sera traité fiscalement. C’est là qu’il faut avoir une stratégie adaptée à nos besoins.
Conseillère en sécurité financière et propriétaire du cabinet Mon choix financier inc.
Qu’en est-il du programme RAP?
Contrairement au REER, au CELI et au CELIAPP, le RAP n’est pas un véhicule de placement, mais plutôt un programme offert par le gouvernement qui vous permet, en tant que premiers acheteurs, de retirer des sommes de son REER sans payer d’impôt sur le montant retiré afin de l’utiliser dans le cadre d’un achat immobilier. Il est désormais possible de « RAPer » jusqu’à 60 000 $.
À garder en tête
Les sommes devront être retournées en totalité (dans un REER de votre choix, nul besoin que ce soit celui duquel vous l’avez retiré), et ce, sur une période de 15 ans. Toutefois, les acheteurs ont un délai de grâce avant d’être obligés de débuter le remboursement.
Qu’est-ce qu’un CELI?
Ce véhicule de placement permet au consommateur d’injecter de l’argent qui générera des gains d’investissement à l’abri de l’impôt. Mais contrairement au REER, cette cotisation ne déclenche pas d’économie d’impôt, car elle ne permet pas de diminuer le revenu imposable.
Plusieurs croient que le CELI est le meilleur véhicule pour les objectifs à court terme, ce qui n’est pas faux, puisqu’il a une grande flexibilité pour les retraits. Cependant, la vérité est que plus l’argent y restera longtemps, plus elle aura le potentiel de fructifier à long terme.
Un autre avantage du CELI, contrairement au REER, est que vous pouvez retirer l’argent en tout temps, sans impact fiscal. Il faut toutefois s’assurer de ne pas dépasser la limite de cotisation annuelle.
Qu’est-ce qu’un REER?
Il s’agit d’un véhicule de placement qui permet de différer notre paiement d’impôts (c’est-à-dire les payer plus tard, souvent à la retraite). La stratégie derrière un REER est de considérer le moment d’imposition. Au retrait, le but est d’avoir le taux d’imposition le plus bas possible, qui est généralement à la retraite, où les revenus sont moindres.
Des exemples concrêts
- À la retraite, une personne voit son revenu passer à 50 000 $ par année, alors qu’elle faisait 100 000 $ de revenu il y a 20 ans, à titre de travailleur. Le premier revenu est imposable à 32 % environ, tandis que le deuxième l’est à 42 % environ. Son taux d’imposition est donc descendu de 10 %. Il vaut donc mieux pour cette personne de différer l’imposition à sa retraite.
- Prenons l'exemple d'une personne ayant un revenu de 100 000 $ en 2025, sur lequel elle a payé des impôts. Si cette personne cotise 10 000 $ à son REER, le gouvernement tiendra compte d'un revenu de 90 000 $ pour le calcul de ses impôts, ce qui signifie qu'elle a payé des impôts sur un montant excédentaire. En conséquence, elle pourra obtenir un remboursement d'impôt.
Cependant, il faut garder à l'esprit que les gains générés par les investissements dans le REER seront imposés au moment du retrait, au même taux que le capital.
Qu’est-ce qu’un CELIAPP?
Pendant longtemps, le programme RAP fut populaire au Québec pour retirer son REER sans impact fiscal afin d’acheter une première propriété.
Il y a maintenant un petit nouveau très avantageux : le CELIAPP.
Le CELIAPP est un véhicule de placement qui amalgame le CELI et le programme RAP. Il s’adresse aux personnes âgées entre 18 et 71 ans, qui n’ont jamais été propriétaires (ou qui ne l’ont pas été depuis la dernière année plus les quatre années fiscales précédentes) et qui n’habitent pas avec quelqu’un qui est propriétaire au moment de l’ouverture du CELIAPP.
À garder en tête
Le CELIAPP peut être combiné au RAP, si souhaité, afin d’enrichir la liquidité pour son achat.
Le client qui cotise à son CELIAPP aura le même traitement que pour un REER, c’est-à-dire qu’il recevra une économie d’impôt basée sur le montant de ses cotisations et sur son taux marginal d’imposition. La grande différence, assez avantageuse, est que le montant dans son ensemble (capital et gains de placement) ne sera jamais imposé au retrait, et, contrairement au RAP, il n’a pas besoin d’être remboursé.
Le CELIAPP peut rester ouvert pendant un maximum de 15 ans. Si en fin de compte, le client n’a pas acheté de propriété, nous pouvons facilement le transférer dans un REER, et ce, sans impact fiscal et sans impact sur les droits de cotisations REER. Que la personne achète ou pas, c’est donc avantageux puisque, pendant ces années, les sommes investies auront fructifié à l’abri de l’impôt !
Conseillère en sécurité financière et propriétaire du cabinet Mon choix financier
Les différences dans la cotisation pour chacun
Il y a des différences quant à la façon de cotiser, qu’il s’agisse d’un CELI, d’un CELIAPP ou d’un REER.
CELI
Pour 2025, le montant ne doit pas excéder 7 000 $ (il peut varier d’une année à l’autre). Toutefois, si vous n’avez pas utilisé le maximum des droits de cotisation des années antérieures depuis le début de votre admissibilité au CELI, vous pouvez les ajouter d’un coup ou les redistribuer dans les prochaines années.
REER
Le montant maximum qu’une personne peut cotiser à son REER par année est 18% du montant de son revenu de l’année précédente, jusqu’à un certain plafond, qui est indexée chaque année. Tout comme pour le CELI, vous pouvez cumuler les droits de cotisation inutilisés pour les utiliser au moment qui sera le plus avantageux pour vous, au fil du temps. Le montant auquel vous avez droit est mis à jour chaque fois que vous faites votre déclaration d’impôt annuel, et vous sera confirmé sur votre avis de cotisation fédérale.
CELIAPP
La limite annuelle de cotisation est de 8 000 $ (jusqu’à un maximum de 40 000 $).
Nos conseils pour les premiers acheteurs
Maintenant que vous avez en tête les différences entre chacun des véhicules de placement, il faut les utiliser à votre avantage. Plus difficile à dire qu’à faire, vous croyez? Voici des conseils judicieux pour y voir plus clair :
1. Dirigez-vous vers un conseiller certifié par l’Autorité des marchés financiers (AMF).
C’est souvent sans frais, et il pourra vous aider à élaborer une stratégie en fonction de votre souhait de devenir propriétaire. Vous pouvez lire des livres sur les finances et vous éduquer, mais rien ne vaut une vision externe d’un ou d’une professionnelle!
2. Lorsque vous choisissez un type de véhicule de placements, que ce soit le REER, le CELI ou le CELIAPP, ne pensez pas en termes de rendement, car ce n’est jamais garanti.
Choisissez plutôt une stratégie qui va respecter votre tolérance au risque, votre horizon de placement (temps) et ultimement votre profil d’investisseur dans son ensemble. « Certaines personnes aiment les placements dynamiques, qui fluctuent beaucoup alors que d’autres se sentent mieux dans la stabilité. »
3. Mettez toujours un pourcentage de vos revenus systématiquement dans un véhicule de placement.
Pour avoir une belle santé financière dès l’entrée sur le marché du travail, vous devriez toujours être les premiers à bénéficier de vos revenus. Assurez-vous de vous payer en épargnes, en placements, etc.
4. Faites attention au “bruit financier”.
Soyez vigilant quant à la provenance des conseils reçus. N’écoutez pas tout le monde ou tout ce qu’internet dit! Notamment parce que chaque situation est unique et que ce qui a fonctionné pour un ne fonctionnera pas nécessairement pour l’autre.
5. Ne vous laissez pas prendre par de trop belles promesses de rendement.
Car personne ne peut garantir un rendement… à moins d’avoir une boule de cristal!
Point de vue experte : questions en rafale
- Peut-on changer des placements facilement ?
En tout temps, vous pouvez changer le portefeuille. Votre tolérance au risque peut d’ailleurs évoluer au fil des années, tout comme votre salaire ou vos projets, il est donc important d’adapter le portefeuille. La seule exception est pour le certificat de placement garanti, qui comporte un terme précis qui doit être mené jusqu’à échéance.
- Est-ce bien d’avoir plusieurs investissements ?
Oui, privilégiez une diversification de placements. Votre portefeuille global doit être réparti dans différents marchés : américain, canadien, revenu fixe, placement de dividendes, etc. Le tout en respectant votre profil d’investisseur et votre tolérance aux risques. Il est aussi mieux de regrouper tout avec un conseiller; quand on est éparpillé dans différentes institutions, on peut perdre le fil et ne pas réaliser qu’on a des placements peu efficaces.
- Peut-on faire des transferts d’un REER à un CELIAPP ?
Oui, mais ce sera en dernier recours. L’enjeu est que ce n’est pas une façon optimale de l’utiliser. En effet, si vous prenez les fonds REER pour cotiser au CELIAPP, vous aurez utilisé vos précieux droits de cotisation REER. Alors qu’en cotisant directement au CELIAPP à partir de votre liquidité, vous conserverez ces droits de cotisations REER. Mais sachez qu’il y a un programme qui existe afin de transférer les fonds des REER dans un CELIAPP, sans payer d’impôts.
- Les dons en argent de nos proches comptent-ils pour des revenus ?
Dans un contexte d’achat de propriété, les dons ne sont pas considérés comme un revenu. Si un parent veut aider son enfant à accéder à la propriété, le don est une manière fiscalement avantageuse de le faire et il n’y a pas d’impact négatif fiscal pour la personne qui le reçoit (à condition que ce don soit fait en bonne et due forme d’un point de vue légal).
Toutefois, s’il s’agit de grandes sommes qui iront sur la mise de fonds de la maison, les institutions financières exigeront une lettre de don signée par le donneur afin de s’assurer de la provenance de l’argent. À noter aussi que, dans un contexte de cotisation à un REER ou à un CELIAPP, même si les fonds injectés sont un cadeau, donc ne proviennent pas de vos revenus d’emploi, cette cotisation vous générera une économie d’impôts normale, selon votre taux d’imposition marginal.
La compréhension de tous ces véhicules de placements peut être complexe. N’hésitez pas à contacter un conseiller expert dans le domaine pour aider à y voir plus clair.